Pénurie III
La pénurie, une illusion ? Dites ça aux personnes qui dorment dehors. Entre précarité réelle, marketing du vide et consobésité™, et si elle était surtout un instrument de pouvoir ?
Quand on dort dehors, on ne doute pas du manque, on le vit. Ou plutôt : on y survit. Certaines pénuries ne sont pas des illusions. Sauf pour celles et ceux qui feignent la myopie sociale et détournent le regard face à la précarité. Merci Amazon, grâce à toi je peux m’anesthésier d’indifférence dans mon plaid en déni polaire anti-culpabilité.
Réaction paradoxale : plus la pénurie saute aux yeux, plus l’envie d’acheter un énième gadget inutile augmente. Comme si posséder un grille-pain 17 fonctions allait compenser l’impuissance ressentie face à l’itinérance ou la faim dans le monde. Car si ces enjeux étaient réglés, alors qui jouerait le rôle d’épouvantail sur le champ de la surconsommation et de l’obsolescence programmée ?
Brandir la pénurie pour attiser la peur du vide et désigner un rival ? Classique. Encore plus rassurant de croire que « si tu veux, tu peux », façon gourou de la loi d’attraction sous stéroïdes. Non. Réduire cela à une question d’état d’esprit, c’est oublier que les inégalités ne sont pas accidentelles. La rareté peut être fabriquée. Et entretenue.
La pénurie est enseignée comme un problème individuel, alors qu’elle se construit collectivement. Elle enferme ceux qui subissent et rassure ceux qui possèdent. Résultat : certains vivent dans l’excès, d’autres peinent à survivre. L’accès aux ressources (éducation, soin, logement…) ne se résume pas à la capacité de les générer. C’est un choix politique. Et la pénurie, un outil de pouvoir.
Si tout était en accès libre, sur quoi reposerait la compétition ? Qui maintiendrait le contrôle des privilèges, des richesses ? La pénurie est une invention stratégique justifiées par ceux qui profitent, avec intérêts, de ses mécanismes d’exclusion. Elle normalise les écarts, façonne le dépassement de soi de héros méritants, hiérarchise les existences. Si ces questions vous titillent, tant mieux.
[Accrochez-vous, l’exploration de la pensée de pénurie continue. Ce labyrinthe dont les murs sont faits de croyances et de jeux d’intérêts. Cette mécanique subtile où peur et compétition s’entrelacent jusqu’à sembler naturels. Cette illusion qui dure tant qu’on la croit inévitable.]




un texte si "cruel" de vérités, si percutant, si juste... Il devrait être lu par chaque citoyen de cette planète pour élever les consciences !